lundi 5 novembre 2007

Mafia & Co.

Avec l’arrestation de quatre des chefs présumés de la tentaculaire Cosa Nostra, la police italienne vient de porter un sérieux coup à la mafia sicilienne. Au tableau de chasse des Carabinieri : Salvatore Lo Piccolo (65 ans) en cavale depuis 23 ans, son fils Sandro, en fuite depuis 10 ans, ainsi qu’Andrea Adamo et Gaspare Pulizzi, deux de leurs plus fidèles lieutenants. Les quatre hommes, qui figuraient parmi les 30 personnes les plus recherchées d’Italie, ont été cueillis dans une maison de la banlieue de Palerme alors qu’ils organisaient leurs juteuses activités criminelles. Selon une récente étude publiée par l'association d'entrepreneurs et de commerçants italiens Confesercenti, le chiffre d'affaires des mafias italiennes, dont Cosa Nostra est l'une des plus puissantes, s'élève à 90 milliards d'euros, soit l'équivalent de 7% du PIB de l'Italie.

Scénario classique, c’est un ancien compagnon d’aventure des quatre truands, Francesco Franzese, qui a balancé la bande. Arrêté en août dernier, Franzese n’a pas mis longtemps pour se mettre à table. Juste le temps de négocier sa condition de « repenti » et d’assurer la protection de sa famille, qui a été conduite par la police vers un lieu tenu secret.

Francesco Franzese, c’est le Giovanni Manzoni de Tonino Benacquista. Mais le nommer ainsi, c’est déjà trop en dire. Pour ne pas dévoiler sa couverture, il faudrait plutôt l’appeler Fred Blake. C’est sous ce nom d’emprunt que le FBI assure l’anonymat du repenti de Malavita et de sa famille dans la petite ville de Cholong-sur-Avre. Mais la tranquillité du bocage normand sied mal au parrain déchu de la mafia new-yorkaise. Nostalgique d’une époque où il régnait en chef de clan craint et respecté, Giovanni étouffe, déborde et n’a comme exécutoire que de coucher ses mémoires de truands, sous couvert d’écrire un livre sur le Débarquement. Tonino Benacquista se délecte de ces situations coquasses. Il jongle avec humour et adresse avec les incompréhensions et les périlleux quiproquos qui se trament entre les Blake/Manzoni et leurs voisins. Les bouffées d’autoritarisme de Fred/Giovanni renvoient à la candeur et à l’inconscience des habitants de Cholong-sur-Avre.

jeudi 1 novembre 2007

Échec et pat[hologie]

Lundi dernier, un tribunal de Moscou a condamné à la prison à vie Alexandre Pitchouchkine pour les meurtres de quarante-huit personnes. Considéré comme le plus grand tueur en série de l’histoire de la Russie, celui qui est surnommé le "tueur à l'échiquier" par la presse de son pays a avoué avoir voulu tuer soixante-quatre fois, soit le nombre de cases d'un échiquier. Ses victimes étaient froidement abattues à coups de marteau ou, lorsqu'elles étaient encore vivantes, se voyaient introduire des bouteilles ou des branches d'arbre dans le crâne. Peu cavalier comme manières !

L'intrigue du Tableau du maître Flamand d'Arturo Pérez-Reverte s'articule autour d’une toile peinte en 1471 par Pieter Van Huys, représentant deux chevaliers jouant aux échecs et une noble dame lisant en retrait. Sujet relativement classique pour l’époque. Ce n’est que cinq siècles plus tard, lors d’une restauration de la toile, qu’une énigmatique inscription dissimulée sous une couche de peinture est mise en jour : "Quis necavit equitem ?" Autrement dit, pour les nuls en version : "Qui a tué le chevalier ? "


Mais pourquoi Van Huys - est-ce bien lui d’ailleurs ? - aurait-il écrit ces mots avant de les recouvrir ? Fait-il référence aux personnages de sa toile ? Y a-t-il un lien avec la pièce du « cavalier » du jeu d’échecs ? Passionnant cas d'école pour Julia, la jeune restauratrice d'art à l'origine de la découverte. Mais ses recherches pour résoudre l'énigme se transforment rapidement en un jeu dangereux. Comme si un joueur anonyme avait repris la partie d'échecs engagée au XVe siècle par les deux chevaliers. Julia et ses proches deviennent alors de simples pions sur un échiquier. Chaque mouvement peut s'avérer mortel. Et chacun de se demander : "à qui le tour ?"

Après cela, on serait tenté de se demander si l'abus d’échecs ne rendrait fou ? L'entrée en politique du roi Kasparov face à Poutine semble bien aller dans ce sens. Parole de Litvinenko ...