mardi 18 août 2009

Taule ou tard

La direction de l'Administration pénitentiaire (AP) a finalement remis à la ministre de la justice, Michèle Alliot-Marie, un rapport sur les suicides en prison. C'est que les chiffres devenaient inquiétants. Depuis janvier, entre 88 et 92 détenus - 81 selon le ministère - se sont donnés la mort en cellule, un chiffre jamais atteint depuis 1997. Le taux de suicide est aujourd'hui 10 fois supérieur en prison (17 pour 10 000) que dans la population générale. Les associations de défense des droits des prisonniers dénoncent depuis longtemps la politique pénale rigide menée en France et les mauvaises conditions de détention, qu'elles considèrent comme l'une des causes directes de l'augmentation des suicides. Le rapport de l'AP recommande ainsi de délivrer une formation à tous les personnels des quartiers à risque et de limiter les risques de suicides par pendaison avec un dispositif spécifique. Et notamment l'utilisation de draps et de couvertures indéchirables, de pyjamas en papier, ainsi que de matelas anti-feu. Rien finalement qui n'améliore le quotidien carcéral et qui ne prépare la réinsertion des détenus.

"Laisser quelqu'un en prison suffisamment longtemps et il se retrouvera aussi mal armé face aux exigences de la liberté qu'un moine trappiste jeté au milieu du maelström de New York." Edward Bunker sait de quoi il parle. La plupart de ses romans ont été écrits du fond d'une cellule où il a passé plus de 18 ans de sa vie. Premier opus d'une tétralogie noire et "bestiale", Aucune bête aussi féroce met en scène Max Dembo, un taulard libéré sous conditionnelle, qui replonge comme par fatalité, quoiqu'un peu aidé par ses fréquentations, dans le crime et la violence. A croire que ses pyjamas en papier ne lui été d'aucun secours contre ses vieux démons.

Écrivain, scénariste et acteur (il est Mister Blue dans Reservoir dogs de Tarantino), Edward Bunker a été plusieurs fois adapté au cinéma.
Aucune bête aussi féroce est porté à l'écran en 1978 avec Dustin Hoffman (Le récidiviste) et La bête contre les murs en 2006 avec Willem Dafoe et Edward Furlong (Animal factory).

Mercredi prochain sort Un prophète, le dernier film de Jacques Audiard. Son jeune Malik rappelle a s'y méprendre le Ronald Decker de Bunker.

mercredi 5 août 2009

Sur un air de flûte

L'Organisation mondiale de la santé l'a officiellement déclarée "première pandémie du XXIe siècle". La grippe porcine - devenue "mexicaine", puis "A" - a fait sa première apparition au printemps 2009 au Mexique et surprend depuis, non pas tant par sa virulence que par sa vitesse de propagation. Fin juillet, l'Institut national de la veille sanitaire recençait ainsi dans le monde 164 152 cas confirmés d'infection et 1007 morts. En France, on dénombrait déjà 852 cas confirmés ou probables. Mais c'est la mort d'une jeune française, qui ne souffrait jusque là d'aucun mal particulier, qui a renforcé la psychose. Et comment se rassurer quand on sait que le plus dur est, paraît-il, encore à venir avec l'arrivée de la saison froide sous nos latitudes ? Et que la rumeur de l'indisponibilité d'un vaccin efficace enfle chaque jour ?

Paris, An 2000. Le commissaire Adamsberg est chargé d'enquêter sur l'origine de mystérieuses inscriptions, des "4" inversés, taguées sur les portes des immeubles de la capitale. Anodin en soi, sauf lorsqu'au même moment à l'autre bout de la ville, un crieur public reçoit d'étranges messages anonymes, écrits en vieux français ou en latin, qui font référence à un fléau ancien, et surtout qu'apparaissent les premiers cadavres. Quelqu'un semble vouloir prévenir du retour de la Peste à Paris. A moins que ce ne soit pour d'autres raisons ...


Multi-récompensé à sa sortie (Prix des libraires, Prix des lectrices de Elle, Prix du meilleur polar francophone), Pars vite et reviens tard a été adapté au cinéma en 2007 par Régis Wargnier. José Garcia y incarne le commissaire Adamsberg.