Sur fond de crise des subprimes et d’effondrement de l’immobilier, l’année 2008 avait déjà fort bien débutée. Jérôme Kerviel, « l’homme qui a fait perdre 4,9 milliards d’euros à la Société Générale », semblait avoir marqué des points au classement des « apprentis-sorciers-de-la-haute-finance-qui-s’y-brulent-les-doigts ». Pourtant, nous n’étions pas au bout de nos surprises et de nos émois. Du haut de ses 70 ans, Bernard Madoff, l’ancien patron du Nasdaq, vient d’engloutir 50 milliards de dollars confiés par des clients fortunés, précipitant certains à la faillite, d’autres au suicide. Et à écouter les spécialistes, les conséquences de cette méga crise financière sur l’économie réelle n’en sont qu’à leurs balbutiements. On ne compte pourtant déjà plus les périodes de vacances forcées, les plans de départs anticipés et les wagons de salariés licenciés. Mêmes les chantres de l’ultralibéralisme et du travail minuté révisent leurs classiques, venant jusqu'à quémander des aides sonnantes et trébuchantes aux Etats-Providence.
Dans Le couperet, Burke Devore, le héros bien nommé de Donald Westlake, est l'un de ces cadres sup’ pris dans la tourmente économique. Licencié après 25 ans de bons et loyaux services dans l’industrie papetière, il se débat pour retrouver un emploi et son statut social. A bout de nerfs et fortement échaudé par son nouveau statut de chômeur de longue durée, il décide de réagir et, œil pour œil, dent pour dent, de faire siens les principes du libéralisme : seuls les plus aptes subsisteront ! Aussi, lorsqu’il déniche une offre d'emploi, il décide purement et simplement d’éliminer ses concurrents potentiels. Adam Smith(&Wesson) aurait-il oublié de préciser que la "main invisible" qui est censée réguler le sacro-saint marché peut être lourdement armée ? Et puis après tout, la fin ne justifie-t-elle pas les moyens ?
Costa-Gavras a porté Le couperet à l'écran en 2005 avec José Garcia et Karin Viard dans les rôles principaux. Donald Westlake a remporté par trois fois le Edgar award et désigné en 1993 Grand Master de l'association Mystery Writers of America.
1 commentaire:
J'avais bien aimé le Couperet, variation singulière sur les affres de la compétition laborieuse dans notre société sous pression.
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